Le Roi René (1409-1480)

Publié le : 29 novembre 20185 mins de lecture

René, dit « le bon roi René » fut duc d’Anjou, comte de Provence (1434-1480), duc de Bar (1430-1480), duc de Lorraine (1431-1453), roi effectif de Naples (1438-1442), titulaire de Sicile (1434- 1480) et roi nominal de Jérusalem.

Deuxième fils de Louis II d’Anjou, roi de Sicile, et de Yolande d’Aragon, frère cadet du chimérique Louis III, il naquit le 16 janvier 1409 au château d’Angers, devant lequel on voit aujourd’hui sa statue, élevée au XIXème siècle et œuvre de David d’Angers.
Orphelin à 9 ans, il fut marié à Isabelle, fille et héritière du duc Charles II de Lorraine, le 24 octobre 1420.
Elevé par son oncle, le cardinal Louis de Bar, qui l’adopta, et par son beau-père, il succéda au premier en 1430 et au second en 1431.
Fidèle au roi Charles VII, qui avait épousé sa sœur Marie, il assista, en 1429, au sacre de Reims et s’attira par là l’animosité du duc de Bourgogne Philippe le Bon.
Celui-ci suscita alors contre lui un rival en Lorraine, Antoine de Vaudémont.
Battu et fait prisonnier à Bulgnéville (juillet 1431), René, captif des Bourguignons, fut libéré contre ses fils Jean et Louis retenus comme otages

Son titre de duc de Lorraine lui fut confirmé à Bâle en 1434 par l’empereur Sigismond de Luxembourg.
Mais cette décision fut contestée par Philippe le Bon qui l’emprisonna à nouveau (1435) et ne le libéra contre rançon qu’en 1437.
Trois ans plus tôt, en 1434, la mort de son frère Louis III avait fait passer sur sa tête l’Anjou et la Provence, mais aussi des droits sur le royaume de Naples.
Une fois libéré, il s’épuisa pendant trois ans à tenter de s’imposer à Naples où il s’était installé dès 1438.
Mais, attaqué par Alphonse d’Aragon, assiégé plusieurs mois dans sa capitale (1441), il finit par renoncer à la lutte et rentra en France, ne gardant de son royaume que le titre (1442).
Ami de toujours de Charles VII, il contribua à l’arrêt des luttes franco-anglaises, en jouant un rôle actif lors des négociations de Tours et en mariant sa fille Marguerite à Henri VI d’Angleterre en 1445 ; puis il participa aux côtés du roi à la reconquête des provinces perdues.

Après la mort de sa femme, Isabelle de Lorraine, il tenta encore une fois, mais vainement, de faire valoir ses droits sur le royaume de Naples, transmit le duché de Lorraine à Jean de Calabre (1453) et confia l’administration du duché de Bar à son gendre Ferry II de Lorraine-Vaudémont (1456).

Remarié à Jeanne de Laval, il renonça alors à la grande politique et partagea désormais sa vie entre les provinces qui lui restaient, l’Anjou et la Provence, voyageant de l’une à l’autre comme on le faisait couramment à l’époque, c’est-à-dire par la Loire et le Rhône, la jonction s’effectuant par route de Roanne à Lyon. Il s’attacha à restaurer leur prospérité économique et se consacra à la réforme de leur administration.
En Provence notamment, furent créés, dans le domaine financier, un général des Finances (1442), un receveur général des Finances (1445-1453), un grand président de la Chambre des comptes (1460) et, pour tirer le meilleur profit du développement économique, un maître des ports (1471), percevant une taxe sur les blés, les peaux etc. ainsi qu’un général des Monnaies (1479).

Dans ses différentes résidences – en Anjou, son château des Ponts-de-Cé et le manoir bâti par lui à Chanzé, aux portes d’Angers, il se livra à l’étude et à la pratique des lettres, des arts et des sciences, car c’était un des esprits les plus cultivés de son temps et un mécène éclairé qui protégea les artistes, comme Nicolas Froment, l’auteur du Buisson ardent, cet admirable triptyque de la cathédrale d’Aix.
Généreux, se mêlant familièrement aux petites gens, participant volontiers aux fêtes et aux tournois, il sut se faire aimer.
Son neveu, le roi Louis XI, intervenant constamment en Anjou, il se retira en Provence en 1471. Mais Louis XI fit saisir ses duchés de Bar et d’Anjou, et il ne pu les récupérer qu’en promettant de choisir pour héritier, non le duc de Lorraine René II, mais son neveu Charles du Maine (1474), lequel, à sa mort, fut contraint de les abandonner à Louis XI.

Homme d’action malchanceux, piètre politique, il devait laisser le souvenir d’un prince aimable et débonnaire qui sut ramener la prospérité dans ses États et dont la mémoire, enjolivée comme il arrive toujours par la légende, resta longtemps populaire.
Il avait lui-même composé plusieurs ouvrages admirablement ornés de miniatures, comme le Mortifiement de vaine plaisance et le Cœur d’amour épris.
Il est enterré à la cathédrale d’Angers.

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